Le partenariat de Mistral AI avec Microsoft fait grincer des dents à Bruxelles


Dans les nouveaux bureaux de Mistral AI, start-up spécialisée dans le développement de l'intelligence artificielle, à Paris, le 20 fevrier 2024.

Une start-up française et un géant américain ? Le partenariat stratégique annoncé, lundi 26 février, entre Mistral AI et Microsoft a suscité quelques réactions agacées à Bruxelles. La jeune pousse d’intelligence artificielle (IA) se voit soupçonnée de remettre en cause son indépendance en s’alliant au poids lourd américain du numérique.

On lui reproche de dévier, au passage, de son engagement en faveur de modèles ouverts publiés en open source, au profit d’une logique plus commerciale. Mistral AI plaide, elle, le malentendu et assure ne pas avoir changé de stratégie, son cofondateur Arthur Mensch regrettant sur X des « interprétations créatives » de ses annonces.

Les annonces « ont surpris beaucoup de gens », s’est énervé sur X Kai Zenner, assistant parlementaire du député européen allemand Axel Voss (Parti populaire européen). « Mistral devient le nouvel OpenAI et s’allie à Microsoft (…). Il n’a plus le profil du “champion européen réellement indépendant” que nous avions en tête lors des discussions sur l’AI Act », a-t-il écrit, rappelant l’exaspération de certains parlementaires face au lobbying de Mistral AI contre des dispositions de ce projet de règlement européen.

« Les régulateurs européens se sont fait avoir »

« Les récents développements confirment que ce n’était pas une bonne chose de rogner des mesures » de l’AI Act, a déclaré à l’agence Reuters l’Italien Brando Benifei (Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen), corapporteur du texte.

« Le projet de règlement a failli échouer, car certains prônaient d’éliminer les règles, afin de faire émerger des “champions européens”. Les régulateurs européens se sont fait avoir », a ajouté auprès de Reuters la Néerlandaise Kim van Sparrentak, une députée européenne (Groupe des Verts-Alliance libre européenne), qui, avec trois collègues écologistes, a écrit une lettre à la Commission de Bruxelles lui demandant d’enquêter sur le lobbying de Mistral AI et de la France, qui a défendu les mêmes positions.

« Si vous voulez changer un écosystème concurrentiel, vous ne voulez pas que les nouveaux entrants dépendent des infrastructures et d’investissements de Microsoft », a renchéri sur X Open Markets, un think tank américain favorable à la concurrence. La Mozilla Foundation, qui défend les logiciels ouverts, a, elle, estimé que l’accord Mistral-Microsoft soulevait des « questions ».

Un examen dans le cadre d’une étude sur le marché de l’IA

Interpellée, la Commission européenne a déclaré qu’elle se pencherait sur le partenariat. Il ne s’agit toutefois pas d’une enquête formelle, mais d’un examen dans le cadre d’une étude lancée, début janvier, sur le marché de l’IA. Ce travail analysera toutes les relations entre start-up et grands groupes, dont les deals d’Anthropic avec Google et Amazon, ainsi que les accords entre OpenAI et Microsoft. Les reproches faits à Mistral AI rappellent ceux à la maison mère du service ChatGPT, dans laquelle le géant américain a investi plus de 11 milliards d’euros, et dont elle est le distributeur exclusif. Les deux cas sont pourtant différents, plaide Mistral AI.

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